Ligaments et reconstruction

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Rappel anatomique

Les ligaments croisés sont au nombre de deux: le ligament croisé antérieur (LCA) et le ligament croisé postérieur (LCP). Ils sont positionnés entre le fémur et le tibia au centre du genou. On parle de pivot central.

Ils contribuent à la stabilité de l’articulation du genou et sont indispensables à la pratique des activités sollicitant l’articulation en torsion et en flexion (sports avec pivot et contact tels que le football…).
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Mécanismes lésionnels

La lésion du ligament croisé postérieur est relativement rare.

Elle résulte en général d’un traumatisme direct, tel que l’on peut le rencontrer dans les accidents de la voie publique (accident du tableau de bord).
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La lésion du ligament croisé antérieur est la plus fréquente. 
Elle survient au cours d’accidents d’origine sportive. La lésion du LCA pet être partielle ou totale. Dans tous les cas, le ligament perd ses qualités fonctionnelles, ce qui conduit à l’apparition de jeu dans l’articulation (laxité).
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A l’examen clinique, la laxité se traduit par un déplacement anormal du tibia, d’arrière en avant, sur un genou légèrement fléchi. L’IRM confirme le diagnostic.

Le retentissement de cette laxité sur le genou est variable. Il n’y a en général pas de gêne dans la vie courante et l’on peut pratiquer les activités sportives où le genou travaille dans l’axe, sans restrictions. (Bicyclette, natation, course à pieds en terrain plat).

Par contre, la pratique des autres sports, surtout s’ils associent pivot et contact devient dangereuse. Il existe alors un risque de dérobements du genou à répétition ou d’entorses (instabilité).
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Techniques chirurgicales

Devant une lésion du LCA, l’intervention chirurgicale n’est pas systématique. Elle est légitime chez le patient qui souhaite reprendre les activités sportives sans restrictions et d’autant plus qu’il est jeune. C’est donc un choix personnel qui demande volontarisme et connaissance des risques et des complications. C’est une intervention qui ne se fait pas en urgence, il est d’ailleurs souhaitable que le genou ait bien récupéré (force, mouvement et absence de douleurs)  pour aborder la chirurgie dans les meilleures conditions.

L’intervention est une reconstruction ou plastie ligamentaire. Elle consiste à remplacer le LCA par une greffe. La greffe est prélevée sur place (autogreffe). Cette intervention est faite couramment en chirurgie ambulatoire.

L’allogreffe est peu utilisée en France.  La greffe synthétique a été abandonnée.
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Trois greffons sont disponibles pour la reconstruction du LCA. Nous utilisons préférentiellement les tendons de la patte d’oie (Droit Interne et Demi-tendineux, DIDT). Le tendon rotulien et le tendon quadricipital peuvent également être prélevés.
1/ Le tendon rotulien est prélevé dans sa partie médiane avec une baguette osseuse à chaque extrémité. Des tunnels sont forés dans le tibia et dans le fémur. Leurs orifices de sortie sont situés à l’endroit où le LCA s’insère originalement dans l’articulation. La greffe est ensuite introduite à travers les tunnels tibial et fémoral. L’intervention se passe sous arthroscopie, sans ouverture de l’articulation. La fixation de la greffe dans les tunnels est faite soit par des vis résorbables dites d’interférence soit par des dispositifs spéciaux. La fixation est suffisamment solide pour que le genou puisse être mobilisé et mis en charge dès les jours suivants l’intervention. Cependant la résistance définitive de la greffe n’est acquise qu’au bout d’un an. C’est également le délai nécessaire à la récupération musculaire complète.
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2/ Les tendons de la patte d’oie sont les tendons situés à la partie interne et postérieure de la cuisse. Ils sont prélevés par une courte incision soit en avant et sous le genou, soit derrière le genou. Le prélèvement se fait à l’aide d’un instrument, le stripper. Les tendons du droit interne et du demi-tendineux sont préparés isolément ou associés.

 
3/ Le tendon quadricipital est utilisé préférentiellement dans les reprises chirurgicales, lors de la récidive de la laxité après une première plastie ligamentaire.

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Bilan pré et postopératoire

La chirurgie du LCA doit être pratiquée sur un genou qui a bien « récupéré » C'est-à-dire sur une articulation
  • Qui n’est plus douloureuse, sans épanchement
  • Qui a récupéré des amplitudes avec une extension complète et une bonne flexion
  • Qui a recouvré  la force musculaire du quadriceps
  • Qui a retrouvé une proprioception la meilleure possible
 

Un bilan global des deux genoux est effectué par les kinésithérapeutes avant l’intervention. Ce bilan préopératoire permet d’évaluer les déficits (laxité, amplitudes, valeur musculaire) et aide le chirurgien dans le choix de sa technique.
Les bilans post-opératoires, répétés guideront  la prise en charge rééducative et la reprise progressive du sport.

Le bilan articulaire comporte les mesures classiques de périmètre rotulien, de goniométrie, de périmètre de cuisse, et de qualité du verrouillage musculaire. Il apprécie le schéma de marche et  évalue le saut unipodal.
Nous complétons ce bilan par des mesures instrumentales avec le KT 1000 pour la laxité ligamentaire et le Cybex pour  l’évaluation musculaire  isocinétique.
 
 
LAXIMETRIE AU KT 1000®

Toujours comparative, elle mesure la laxité pré-opératoire puis évalue l’efficacité de la plastie sur le tiroir antérieur 1 mois après l’intervention. Les bilans suivants à 3 mois, 6 mois et 12 mois post-opératoires permettent de suivre l’évolution du transplant au cours de la phase de LIGAMENTISATION ( voir paragraphe sur ligamentisation)
 
Cette laxité est mesurée en millimètres sous quatre forces de traction : 6 kg, 9 kg, traction manuelle maximale, sous contraction quadricipitale.

Sur deux genoux sains, la différentielle côté droit côté gauche est considérée comme normale si elle est inférieure ou égale à 3 mm. Au-delà de cette valeur, on considère qu’il y a une lésion du LCA. 
Après chirurgie, la tolérance est de 5 mm pour assurer une bonne efficacité du transplant.

 
Une augmentation de cette différentielle au fil du temps, après chirurgie, signe une détente du transplant ( problème intrinsèque du transplant ou extrinsèque par traumatisme accidentel) .
EVALUATION MUSCULAIRE ISOCINETIQUE et CYBEX ®
C’est une évaluation musculaire bilatérale comparative, sur un dynamomètre isocinétique Cybex®.

Le patient réalise un effort maximal de flexion extension sur des séries de vitesse et répétition différente. Le dynamomètre s’adapte à tout moment à la poussée du patient (arc douloureux par exemple).

L’étude des courbes permet d’évaluer le pic de couple, l’endurance, la puissance, les ratios agonistes / antagonistes et l’efficacité excentrique des Ischio-Jambiers (IJ), de façon fiable et reproductible.
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L’évaluation initiale pré-opératoire permet de mesurer le déficit musculaire éventuel et de prévoir un travail de renforcement post-opératoire accru.

La première évaluation post-opératoire se situe au 6ème mois et va orienter la reprise du sport pivot : le côté opéré doit atteindre au moins 80% du côté sain pour autoriser une reprise progressive de l’entraînement et de la compétition.

En cas de déficit plus important, la reprise du sport est différée dans le temps avec mise en place d’un programme de renforcement adapté aux résultats du bilan.
Une nouvelle évaluation 9 mois après l’intervention est  réalisé si nécessaire.
 
 
EVOLUTION DE LA PLASTIE : LA LIGAMENTISATION
La ligamentisation est  la transformation du transplant tendineux en structure ligamentaire. Au cours de ce phénomène,  la résistance du transplant va  évoluer au cours du temps. De maximale en post-opératoire immédiat, la résistance du transplant va décroître de façon importante (les études chez l’animal montrent une diminution supérieure à 50%, la valeur et la durée de cette perte est inconnue chez l’homme ), pour atteindre un minimum entre 2 et 4 mois, puis augmenter progressivement pour retrouver une valeur similaire à celle d’un LCA environ un an après l’intervention.